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Pillorikput Inuit: Inuktitut Arias for All Seasons – Deantha Edmunds-Ramsay
J’ai grandi sur la côte ouest de Terre-Neuve, et mes années de formation se sont enrichies de la famille, de la musique, des livres et de la beauté majestueuse du « Rocher ». Les mots m’ont emmené dans des voyages à travers le temps et le monde. Mon père partageait tranquillement des histoires de sa famille et de sa vie au Nunatsiavut, et ma mère ainsi que sa propre mère nous parlaient de nos racines irlandaises. En entendant leurs paroles, prononcées ou chantées, j’avais envie d’en savoir plus. Je voulais moi aussi éprouver les sensations des premières empreintes de neige fraîche au Labrador, et bouger au son des chansons mélodieuses de mes ancêtres irlandais.
Cours de piano, ateliers d’été d’ukulélé, orchestre d’harmonie, chorales, cours de chant… Chaque semaine, des heures et des heures étaient consacrées à l’apprentissage et à la pratique de la musique, et j’étais chanceuse d’avoir un soutien extraordinaire de la part de ma famille. Je suis tombé amoureuse de la musique classique, en particulier des lieds germaniques de Schubert, des arias des opéras de Mozart, des mélodies des chansons de Fauré, et des mouvements d’oratorio de Mendelssohn et de Vivaldi.
J’ai étudié les paroles, apprenant à les prononcer correctement en allemand, italien, français ou latin. Je voulais savoir ce que chaque mot signifiait. Je rêvais de devenir chanteuse classique.
Bien qu’il n’ait jamais reçu de cours de musique de manière formelle, mon père était un bon chanteur et jouait de la guitare comme une star. À chaque veillée de Noël, il nous chantait ses cantiques préférés en anglais, en allemand et en inuktitut, tels qu’il les avait appris lorsqu’il était enfant au Labrador. Il m’a appris à prier en inuktitut. Je visualise encore les mots écrits dans sa vieille petite bible, dans laquelle son arbre généalogique était dessiné.
Quand les gens découvraient que j’étais Inuk et soprano classique, ils disaient souvent, « Oh wow! Une chanteuse d’opéra inuit! À quoi ressemble l’opéra inuit? Faites-vous du chant de gorge? » J’ai toujours été fascinée par le chant de gorge, et j’espère pouvoir un jour explorer cette ancienne tradition. J’expliquais patiemment qu’il n’existe pas d’opéra inuit, mais que j’étais très fière d’être reconnue au sein de la communauté autochtone comme la première chanteuse classique de descendance inuite. Mais mes racines et ma passion pour la musique classique ne semblaient pas aller ensemble.
Il y a presque dix ans, j’ai découvert le travail fascinant du Dr. Tom Gordon, musicologue et pianiste, et à l’époque directeur de l’École de musique de l’Université Memorial de Terre-Neuve. Il a passé plus d’une décennie à étudier des centaines de manuscrits de musique sacrée classique que les missionnaires moraves avaient apportés sur la côte du Labrador au 18ème siècle. Non seulement cette musique avait été traduite en inuktitut, mais elle avait également été adaptée par les Inuits au fil du temps. Je me souviens de mes premiers échanges avec le Dr. Gordon. Il m’avait envoyé une copie de l’un des soli de soprano du célèbre oratorio d’Haendel, Le Messie, et j’ai été stupéfaite de voir des paroles en inuktitut. Il s’agissait à n’en pas douter d’une musique pour moi! J’ai demandé au Dr. Gordon si une partie de cette merveilleuse musique archivée avait été enregistrée, et de cette conversation, de nombreuses occasions uniques m’ont été proposées. J’ai ainsi eu la chance d’avoir pu réaliser un de mes rêves, en enregistrant le disque Pillorikput Inuit: Inuktitut Arias for All Seasons.
Grâce à une subvention d’artsnb, je me suis rendue à Terre-Neuve pour le projet d’enregistrement qui a eu lieu à St. John’s en janvier 2015. À l’automne de cette même année, l’album a été lancé avec une tournée à travers le Nunatsiavut, une fois encore avec l’aide d’artsnb. Le Dr. Gordon a joué de l’orgue, et le célèbre ténor Narrie Obed, originaire de Nain, s’est joint à nous pour plusieurs duos que nous avons inclus sur le disque. Il est reconnu comme un porteur de tradition à l’avant-garde de la vie musicale du Labrador Inuit. Ce fut un immense privilège que de partager avec lui cette belle musique unique dans les humbles églises moraves du Labrador. Ce fut aussi pour moi un véritable changement de vie. Lors de mes voyages, je me suis reconnectée avec ma famille que je n’avais pas revue depuis plus de deux décennies, et j’ai aussi rencontré des membres de ma famille pour la toute première fois. Je me suis sentie chez moi, comme si toutes les pièces du puzzle qui était ma vie s’assemblaient enfin.
Pillorikput Inuit a été le premier album classique à être nominé aux East Coast Music Awards de 2016 dans la catégorie des artistes autochtones. Quel bonheur!
En octobre dernier, un autre événement historique a eu lieu – la Conférence biennale sur les études inuites, co-organisée par l’UMTN et le gouvernement du Nunatsiavut. Les Inuits du monde entier se sont emparés de St. John’s pendant la durée de l’événement, et ce fut passionnant ! Des Inuits de tous horizons se sont réunis, ont donné des présentations, ont participé à des discussions de groupe et ont travaillé sur des questions relatives à la langue, la santé, l’éducation, l’environnement, pour ne citer que quelques thèmes. En parallèle, le Katingavik Inuit Arts Festival a célébré la créativité inuite dans les domaines de la musique, des arts visuels et du cinéma. artsnb a joué un rôle déterminant pour que je sois à nouveau au bon endroit au bon moment. J’ai réalisé un certain nombre d’arias et quelques duos avec Karrie Obed. Le Dr. Gordon nous a une fois de plus accompagnés à l’orgue, ainsi que le chœur de chambre et l’orchestre de l’UMTN.
Le concert de musique morave du Nunatsiavut a été tenu au Kirk, l’église presbytérienne de St. Andrew située dans le magnifique centre-ville de St. John’s. L’orchestre de Nain a également participé à ce concert. L’acoustique était incroyable, et ce fut un honneur que de se produire devant un auditoire complet, incluant Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, ainsi que Maatalii Okalik, présidente du Conseil national des jeunes Inuits.
Maintenant, lorsque les gens me questionnent à propos d’être Inuk et chanteuse classique, je suis ravie d’expliquer qu’en étant originaire du Nunatsiavut, ce n’est pas anormal! La chance de partager cette merveilleuse musique et son histoire à travers le monde m’apporte un plaisir et une fierté à nuls autres pareils. Merci à artsnb pour m’avoir aidé à réaliser ces rêves professionnels.
La soprano Deantha Edmunds-Ramsay est originaire de Terre-Neuve-et-Labrador. Elle a étudié la musique et les arts à l’Université Acadia et à l’Université Concordia. Elle a également étudié en privé avec quelques-uns des meilleurs professeurs de voix au Canada. Deantha s’est produite sur des scènes à travers le Canada et à l’étranger. Son interprétation la plus récente a eu lieu à St. John’s, Terre-Neuve, dans un concert d’arias sacrés moraves en langue inuktitut, où elle fut accompagnée du choeur de chambre et de l’orchestre de l’UMTN. Ce concert faisait partie du Katingavik Inuit Arts Festival, tenu lors de la Conférence biennale sur les études inuites en octobre 2016. Deantha a composé une chanson en inuktitut et en anglais pour les Jeux d’Hiver du Labrador de 2016. Cette composition originale est intitulée « AVANI », ce qui signifie « vers le Nord ». Elle a interprété la chanson avec des danseurs de tambours inuits et des chanteurs de gorge devant un stade complet, y compris des dignitaires de Terre-Neuve-et-Labrador qui lui ont fait une véritable ovation.
« Pillorikput Inuit: Inuktitut Arias for All Seasons » est un disque mettant en vedette Deantha comme soprano soliste. L’album fut lancé à l’automne 2015, avec une tournée à travers la région du Nunatsiavut. Il a été nomimé aux East Coast Music Awards de 2016, dans la catégorie des artistes autochtones. Ce fut la première fois qu’un album classique avait été nominé dans cette catégorie. Ses prestations de soliste au sein du Nouveau-Brunswick ces dernières années incluent le Requiem de Mozart, l’Oratorio de Noël de Bach et le Messie de Haendel avec la chorale et l’orchestre de chambre de Fredericton, le Messie de Haendel avec le chœur symphonique et l’orchestre de chambre de Trinity Church à Saint John, la Petite Messe Solennelle de Rossini et la Messe en mi bémol majeur de Schubert avec Colla Voce à l’église de Notre Dame du Perpétuel Secours de Rothesay. Deantha fut la soliste invitée au 150ème anniversaire de l’église anglicane St-Paul de Rothesay, se produisant pour un service évangélique auquel l’honorable Graydon Nicholas, lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, prit la parole. Sa prochaine performance en tant que soliste sera dans la Messe en si mineur de Bach avec Colla Voce à Rothesay. En plus d’enseigner la musique à l’école élémentaire Touchstone Academy et de travailler comme conseiller pour les étudiants autochtones au Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, Deantha adore chanter. Elle partage cette passion avec un large auditoire d’étudiants en chant.
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