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PLG 2017 – Stephen Tobias
(Cet article a été traduit de l’original en anglais).
Les Prix du Lieutenant-gouverneur pour l’excellence dans les arts reconnaissent et célèbrent les artistes et écrivains remarquables du Nouveau-Brunswick, qui se sont distingués par l’excellence de leurs réalisations et leur contribution aux arts dans la province.
Stephen Tobias, lauréat du Prix du Lieutenant-gouverneur pour l’excellence dans les arts de la scène 2017, répond à quelques questions concernant sa vie et sa pratique artistique.
- Parlez-nous de votre éducation, du lieu où vous avez grandi, etc.
J’ai grandi à Saint Jean Est, dans une famille d’entrepreneurs et de propriétaires de petites entreprises. Dans mon adolescence, ma famille a déménagé dans la région de Rothesay et j’ai eu la chance de fréquenter l’École collégiale Rothesay, qui était principalement une académie militaire à l’époque. Cela m’a conduit à plusieurs années d’entraînement militaire et à des étés passés dans des bases à travers le pays. Il y a eu un moment où j’ai senti que le Collège militaire royal serait mon avenir. Comme quoi les choses évoluent.
En grandissant, j’ai passé beaucoup de temps à travailler dans des entreprises appartenant à mes parents ou à mon frère aîné. Il y a une éthique de travail très différente lorsqu’on grandit dans un monde qui n’est pas basé sur un environnement traditionnel « neuf à cinq », mais un environnement où le succès est directement lié à l’effort et au résultat. Ma famille ne m’a pas seulement appris à travailler dur, elle m’a appris à travailler intelligemment. À ce jour, il s’agit d’un aspect de ma vie où le travail m’accompagne 24/7 et où la recherche de nouvelles opportunités est dévorante.
Un principe qui ne m’a jamais été explicitement présenté, mais qui est toujours resté avec moi, est l’idée que nous avons la responsabilité de laisser les choses mieux que nous ne les trouvons. Si vous possédez une propriété, améliorez-la. Si vous possédez une entreprise, développez-la. Si vous voyez un vide, comblez-le. Ne vous plaignez pas de ce qui n’est pas là, créez-le.
- Y a-t-il eu un moment déterminant dans votre jeunesse qui a influencé votre choix de carrière ?
Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu un moment déterminant. Plus jeune, j’aimais assister à des pièces de théâtre mais je n’ai jamais vraiment été un « enfant du théâtre ». Je n’ai éprouvé aucun intérêt à jouer ou à participer de quelque manière que ce soit jusqu’à l’école secondaire. Je me souviens de mes parents qui m’emmenaient au cinéma, et d’une fascination précoce pour cet art. Des visites au Musée du Nouveau-Brunswick et à la Galerie Beaverbrook: oui. Mais participer aux arts de quelque façon que ce soit… être sur scène… ça ne m’est jamais venu à l’esprit.
Le théâtre s’est faufilé dans ma vie. Ce qui a commencé comme une rivalité amicale avec un meilleur ami, auditionnant pour une pièce de théâtre dans le but d’impressionner une fille, a fini par créer un amour du théâtre pour la vie. Je n’ai joué que dans deux pièces au secondaire, mais je savais que je voulais étudier et en apprendre davantage. C’est très vite devenu le seul endroit où j’avais vraiment l’impression d’avoir quelque chose à offrir.
Durant mes années de formation, j’ai toujours eu de la chance parce que j’avais beaucoup de mentors qui prenaient beaucoup de temps avec moi. Rob Hook, Robert Merritt, David Overton, Dorothy Ward, Tom Kerr, Walter Borden et bien d’autres ont pris le temps de partager des histoires et des leçons sur l’art du théâtre et sur la discipline elle-même, nécessaires pour réussir.
- Quand avez-vous commencé votre pratique ? Avez-vous été confronté à des défis particuliers ? Quelles leçons importantes avez-vous apprises ?
Ma pratique a commencé dès la fin du programme de conservatoire de théâtre à l’Université Dalhousie. J’ai eu la chance d’être remarqué par Edmund Mclean, un réalisateur de Cornerbrook, à Terre-Neuve, qui m’a fait venir pour jouer dans Un tramway nommé désir. De là, j’ai travaillé assez régulièrement à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse durant les deux années qui ont suivi. À cette époque, au fur et à mesure que je connaissais davantage des artistes de théâtre en milieu et en fin de carrière, j’ai commencé à remettre en question mon parcours professionnel. J’ai réalisé que l’instabilité et le manque de contrôle professionnel n’étaient pas pour moi. Je ne pourrais jamais me sentir à l’aise avec l’idée de vivre dans mes valises, pratiquant un métier qui exigeait que je reçoive constamment la permission de directeurs, d’agents ou de producteurs juste pour faire ce que j’aime.
En fin de compte, j’ai quitté l’industrie et j’ai finalement décidé de travailler à la construction de quelque chose ici, au Nouveau-Brunswick.
- En quoi consiste votre pratique artistique ? Dites-nous en plus sur votre processus créatif.
Le cœur de ma pratique consiste à collaborer et à aider à établir des contacts entre les gens.
- Quelle est l’importance de l’engagement du public pour vous et votre travail ?
L’art est un engagement du public. Le théâtre est un engagement du public. Je le crois. Pour moi, tout art implique un dialogue avec un public. Dans le monde des organismes artistiques, la nécessité de créer un impact est encore plus profonde. De par leur nature, tous les organismes artistiques existent pour servir les communautés dans lesquelles ils résident. Le succès doit être mesuré en termes d’impact global sur la communauté. Sans audience, il ne s’agit que d’une répétition.
- Que souhaiteriez-vous dire aux artistes émergents d’aujourd’hui ?
Deux choses:
Tout d’abord – Trouvez votre propre voie. Il existe une orthodoxie implicite dans le monde de l’art qui peut limiter la créativité. Il y aura des occasions où des professeurs ou des collègues laisseront entendre que votre art peut ne pas être aussi important si vous ne vivez pas au bon endroit, ou travaillez avec la bonne compagnie, ou joignez le bon groupe. Le fait est qu’il n’y a pas de « bonne » voie. La « bonne » voie variera d’une communauté à l’autre, d’une région à l’autre, d’un artiste à l’autre. Trouvez ce qui fonctionne pour vous.
Ensuite – Collaborez avec un maximum de personnes, mais assurez-vous également que vous avez une vie en dehors de votre art. L’équilibre est important. Pouvoir se distancer de votre travail vous donnera de nouvelles perspectives. L’art véritable présentera toujours une réflexion du monde autour de nous. Il est bon pour les artistes de s’assurer qu’ils fassent l’expérience d’un monde plus vaste, au-delà de leur pratique artistique.
Stephen Tobias est un artiste de théâtre, promoteur culturel et conseiller politique artistique qui a effectué la majeure partie de sa carrière à Saint-Jean. Diplômé du programme d’interprétation au Conservatoire de l’Université Dalhousie, Stephen a cofondé la Saint John Theatre Company en 1990, dans le but d’offrir des opportunités aux praticiens du théâtre locaux.
Depuis, Stephen dirige la société en tant que membre du conseil d’administration, directeur, acteur et leveur de fonds afin de faire de la compagnie une force majeure dans la production théâtrale provinciale. Ses réalisations récentes comprennent une campagne de collecte de fonds de 1,8 million de dollars, la création du premier festival d’avant-garde du Nouveau-Brunswick, des collaborations créatives de nouvelles œuvres du théâtre, et la tournée internationale d’une production de la Saint John Theatre Company à Constance, en Allemagne.