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PLG 2017 – Robert Pichette
Les Prix du Lieutenant-gouverneur pour l’excellence dans les arts reconnaissent et célèbrent les artistes et écrivains remarquables du Nouveau-Brunswick, qui se sont distingués par l’excellence de leurs réalisations et leur contribution aux arts dans la province.
Robert Pichette, lauréat du Prix du Lieutenant-gouverneur pour l’excellence dans les arts littéraires en français 2017, répond à quelques questions concernant sa vie et sa pratique artistique.
- Parlez-nous de votre éducation, du lieu où vous avez grandi, etc.
Je suis né en 1936 à Edmundston et j’y ai grandi durant les années 1930 jusqu’au début des années 1950. J’ai eu la chance inouïe de grandir dans une famille de liseurs voraces. De plus, ma mère était une conteuse née et inventive par-dessus le marché. Il entrait chez nous un grand nombre de journaux et de revues, tant français qu’anglais. Je crois avoir appris l’anglais à peu près tout seul en lisant quotidiennement le Telegraph Journal. Une publication française de Montréal m’a beaucoup marquée. Il s’agissait de l’hebdomadaire La Patrie, journal fondé en 1879 et disparu seulement en 1978. Superbement rédigé, il y avait des chroniques sur une variété de sujets, notamment d’histoire canadienne. Je crois bien avoir développé un goût marqué pour l’histoire grâce à la lecture régulière du journal.
Mes parents tenaient fermement à ce que je parle toujours un français correct. Sans être stricts sur le sujet, ils étaient fermes et on m’offrait toutes sortes d’incitatifs. Pas question d’être « right fiers » ! Comme il n’y avait pas de bibliothèque publique à Edmundston à l’époque, une sœur de mon père, religieuse Fille de Jésus à Trois-Rivières et qui était bachelière, chose rarissime pour une femme à l’époque — elle avait même enseigné la musique à Londres dans un couvent pour jeunes filles de qualité — établissait plusieurs fois par année des listes de livres à mon intention que mon père faisait venir par la poste. Je crois qu’il m’en reste encore un : Le trésor de l’abbaye !
Autre coup de chance : j’ai fait mes études primaires à l’Académie Conway d’Edmundston dirigée par les religieuses Filles de la Sagesse qui étaient de magnifiques pédagogues. Je lisais couramment en français, et probablement assez bien en anglais, avant ma première année, mais ce sont elles qui m’ont appris à écrire. Elles avaient une méthode imbattable et pas redoutable du tout. Chères sœurs Catherine et Cyprien, je vous remercie avec beaucoup de retard !
D’Edmundston il ne me reste pas beaucoup de souvenirs sauf un très spécial : lorsque survint l’armistice du 8 mai 1945 j’avais été sidéré par les manifestations publiques de joie. Les cloches de toutes les églises de la ville avaient sonné longuement et je me souviens que les gens dansaient dans la rue tant le soulagement était palpable. J’avais neuf ans à l’époque, mais ce souvenir ne m’a jamais quitté.
Quelques années plus tard, je me suis mis à hanter l’atelier de composition du journal Le Madawaska dont le propriétaire et rédacteur en chef était l’honorable J. Gaspard Boucher, député provincial et ministre insubmersible. Comme mon père et lui étaient amis, Monsieur Boucher me tolérait. Faire un journal était fascinant parce qu’à l’époque le journal utilisait des caractères en plomb. Linotypistes et pressiers m’impressionnaient au plus haut point. Monsieur Boucher me donnait libre accès à sa bibliothèque personnelle. Il m’encourageait aussi à écrire et j’ai publié mes premiers articulets dans son journal alors que j’étais fort jeune.
C’était un début bien modeste, mais un début quand même. Merci, Monsieur Boucher, d’avoir deviné le premier que je pourrais être un écrivain.
Au Collège Saint-Louis d’Edmundston, autre coup de chance : j’eus comme professeur de français M. Louis-Joseph Lachance, homme d’une immense culture qu’il savait partager sans même en avoir l’air. Il était également un superbe pédagogue. Grâce à lui, j’ai excellé en français et, comme je me débrouillais fort bien en latin, j’ai eu dès le départ une solide base qui m’a servi toute ma vie. (Pour être totalement franc, j’étais faible dans toutes les matières qui ne m’intéressaient pas et absolument nul en mathématiques. Du reste, je le suis toujours).
À Montréal, au Collège de Saint-Laurent où j’ai fait un stage de deux ans, je me croyais au paradis. Les Pères de Sainte-Croix dirigeaient cette vénérable institution. Ils avaient une immense bibliothèque bien garnie et ils nous encourageaient à nous en servir. Je n’ai pas eu besoin d’y être poussé. De plus, le collège était le siège d’une compagnie de théâtre célèbre à l’époque, les Compagnons de Saint-Laurent. J’y ai vu la crème de la crème du théâtre classique français. Malgré les années, je peux encore réciter sans trop de trous de mémoire le célèbre songe d’Athalie. Et j’ai eu la chance de voir des comédiens immenses comme Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Maria Casares interprétant Britannicus, pour ne nommer que ceux-là.
C’est dans je journal du collège que j’ai publié mon premier véritable article. Il s’agissait d’un compte rendu d’une pièce de théâtre, j’ai oublié laquelle, mais je n’ai pas oublié le plaisir étonné que j’ai eu à lire mon texte imprimé sous ma signature, sans qu’on y ait rien changé. Les auteurs sont chatouilleux sur ce chapitre et j’ai appris très tôt la loi de la jungle.
Bref, j’ai eu beaucoup de chance ; je suis devenu écrivain et journaliste s’en m’en rendre compte, mais, avec en arrière-plan, les meilleurs maîtres et maîtresses qui m’ont encouragé, Dieu merci !
- Y a-t-il eu un moment déterminant dans votre jeunesse qui a influencé votre choix de carrière ?
À vrai dire, je n’ai jamais eu à faire un choix de carrière. Tout, ou presque tout ce que j’ai entrepris dans ma vie m’est arrivé fortuitement. J’ai rarement eu à faire un choix. Je n’ai pas eu de carrière, mais plutôt des métiers et des occupations. Pourtant, en 1955, j’ai fait un choix fondamental lors de mon dix-huitième anniversaire, choix qui a orienté le reste de ma vie. N’ayant plus besoin de l’autorisation parentale, je me suis discrètement enrôlé dans l’aviation royale du Canada pour trois ans, au grand dam de mon père qui avait d’autres ambitions pour moi. Ce fut la meilleure décision que j’aie jamais prise dans ma vie. Il s’agissait ni plus ni moins de faire l’apprentissage de la masculinité, de l’autonomie sinon de la liberté aussi loin que possible d’Edmundston, et ça a réussi !
Je n’avais pas l’intention de faire carrière dans l’aviation de Sa Majesté canadienne, mais trois ans auront suffi pour me déniaiser et me mettre sur le chemin de la maturité. L’aviation m’a décerné mon unique diplôme (avant les doctorats honoris causa des Universités Sainte-Anne et Moncton), en dactylographie. Je n’ai jamais piloté autre chose qu’une machine à écrire, ce qui m’a bien servi toute ma vie.
J’ai fini par faire du journalisme ; je l’ai même enseigné durant un semestre universitaire. Généraliste à une époque où l’on pouvait travailler sans être spécialisé, je n’ai jamais refusé une expérience nouvelle. Je me suis adapté à toutes sortes de situations et j’en ai largement profité jusqu’à ce que je devienne un fonctionnaire fédéral en règle !
À l’âge de 26 ans, en septembre 1963, je suis devenu, par hasard, chef de cabinet adjoint du Premier ministre Louis J. Robichaud à Fredericton. Éventuellement, j’ai été promu chef de cabinet en titre avec le rang de sous-ministre avec, en plus et sans salaire additionnel, la responsabilité des Affaires culturelles de la province. J’ai donc été le premier Acadien chef de cabinet d’un premier ministre du Nouveau-Brunswick. Je suis resté au service de cet homme exceptionnel pendant sept ans, jusqu’à la fin de son mandat en novembre 1970.
Durant ces années politiquement fertiles, j’ai rédigé des milliers de lettres pour la signature personnelle du premier ministre et j’ai aussi rédigé des centaines de discours. Il m’avait donné une seule consigne ; ne jamais utiliser une citation parce qu’il voulait éviter d’avoir l’air pédant alors qu’il avait une solide formation universitaire classique. De plus, il n’aimait pas parler pour ne rien dire ce qui posait un réal défi. Essayez de rédiger un message de vœux du Nouvel An un tant soit peu original année après année ! Il lisait tout scrupuleusement, en ma présence, crayon rouge en main, et de temps à autre, biffait un mot ou une phrase. Je connaissais son style par cœur, nous avons donc fait bon ménage. Quelles belles années et ô combien fructueuses ont-elles été.
Après, je suis devenu sagement fonctionnaire fédéral dans diverses agences presque toujours avec un volet information ou relations publiques. La véritable carrière d’écrivain et de journaliste s’est amorcée dès après ma retraite.
- Quand avez-vous commencé votre pratique ? Avez-vous été confronté à des défis particuliers ? Quelles leçons importantes avez-vous apprises ?
J’ai vraiment commencé à écrire immédiatement après ma retraite de la fonction publique fédérale en août 1991. Il y eut, tout d’abord, l’écriture alimentaire, c’est-à-dire la traduction dans l’une ou l’autre langue officielle. J’adore et j’excelle dans ce métier sans cependant être un traducteur professionnel. J’ai cessé de travailler commercialement, cependant, je continue le service gratuitement et par plaisir pour rendre service à deux importants organismes à but non lucratif.
Fortuitement — une fois de plus ! —, je suis devenu chroniqueur hebdomadaire au quotidien provincial, le Telegraph Journal où le rédacteur en chef et le chef de pupitre étaient des princes qui m’ont fort habilement mentorés. Je n’avais jamais fait cet exercice auparavant et il paraît que j’étais le premier Acadien à rédiger une chronique régulière. On m’a toléré bien des sorties au journal en prenant des risques calculés, mais en me faisant confiance. Mis à part quelques menaces de poursuites pour diffamation qui toutes ont tourné court, je n’ai eu que du plaisir pendant des années éminemment productrices. J’avais la chance d’avoir des collègues exceptionnellement brillants qui n’avaient rien des plumitifs. Je pense que ce fut la Belle Époque du TJ.
À ma grande surprise, en 1995, les National Newspaper Awards me donnèrent une citation de mérite dans la catégorie des chroniqueurs. Cette année-là, nous étions trois affiliés au vaisseau amiral des journaux Irving distingués par des Prix nationaux, une année faste : Dalton Camp, Jacques Poitras et moi. Nous eûmes droit à un splendide déjeuner à Fredericton aux frais des entreprises de presse Irving, mais sans alcool selon la stricte tradition d’abstinence de la famille Irving. Naturellement rebelle à cette aberrante tradition, Dalton Camp commanda et paya de sa poche coquetels et vin !
À un moment donné durant ces années je devins chroniqueur mensuel au quotidien national The Globe & Mail. Ce fut pour moi un sommet. Ce que j’en ai malmené de politiciens qui me faisaient invariablement savoir que je les avais grièvement offensés ! Avec le recul des ans et un brin de sagesse venu sur le tard, j’aurais pu, parfois, mettre la pédale douce. Au journal j’ai eu le privilège d’avoir un chef de pupitre styliste incomparable, ferme, mais d’une exquise courtoisie. De lui j’ai appris comment raffiner une phrase sans l’enfler.
À la même époque, j’étais à la fois éditorialiste et chroniqueur au quotidien acadien L’Acadie Nouvelle et ce jusqu’au lendemain des funérailles de Louis J. Robichaud, en janvier 2005.
En réalité, je n’ai jamais été confronté à des défis particuliers. Les petites difficultés normales rencontrées au cours des ans ont toutes été résolues facilement, probablement à cause de ma facilité d’adaptation et certainement parce que j’ai appris très tôt à faire confiance aux vrais bons conseils.
- En quoi consiste votre pratique artistique ? Dites-nous en plus sur votre processus créatif.
Le processus n’est jamais simple. J’adore la recherche sous toutes ses formes et je suis doué pour la chose, alors que l’écriture est une lourde corvée. La recherche initiale prend le temps qu’il faut. Je consigne tout dans un cahier ligné. Très tôt apparaît la division logique en chapitres, s’il s’agit d’un livre, en sections s’il s’agit d’un article. Bien souvent cette recherche suggère un titre approprié. J’écris au crayon avec un stylo mécanique avec toujours à portée de la main une gomme à effacer. Au fur et à mesure que les renseignements passent du cahier au texte, je les biffe d’un trait rouge. C’est ma façon de me retrouver.
Je peux agoniser longtemps avant de trouver la première phrase, celle qui va donner le ton. Elle est, pour moi, de toute première importance. C’est comme une rampe de lancement. Les débuts sont toujours des tâtonnements et l’écriture est lente. Le matin est mon temps de prédilection, d’autant plus que je suis un lève-tôt. Je vérifie souvent l’orthographe avec les meilleurs outils, sans oublier d’excellents dictionnaires des synonymes, indispensables à mon avis. Il m’arrive de me décourager et d’être persuadé de faire fausse route quand je me rends compte que la page écrite la veille ne vaut rien ou qu’elle pourrait être mieux rédigée. Je reprends et je laisse décanter un temps par prudence.
Il m’arrive d’être paresseux et d’abandonner le texte un peu trop longtemps. Le remords s’installe très vite et je reprends le fil interrompu et, ne sachant que trop qu’un texte ne s’écrit pas tout seul, je reprends l’écriture comme un galérien vissé à son siège. Toutefois, je garde toujours en tête comme incitatif la nécessité de donner au public lecteur un livre rédigé aussi clairement que possible.
Je puise un peu de courage en me rappelant le grand nombre d’écrivains — je ne parle pas de plumitifs ou d’écrivassiers — qui ont eux aussi trouvé l’expérience pénible. J’aimerais un jour faire un florilège de citations édifiantes. J’en livre deux : Daphné du Maurier estimait qu’écrire un livre est comme une purge qui vous laisse comme un coquillage vide sur la plage. Pour Somerset Maugham, écrire simplement est aussi difficile que d’être bon.
Mais que faire de cette solennelle admonestation de la Bible au sujet des écritures, qu’elles soient saintes ou non : « Du reste, mon fils, tire instruction de ces choses ; on ne finirait pas, si l’on voulait faire un grand nombre de livres, et beaucoup d’études est un fatigue pour le corps » (Ecclésiaste 12 :12) ?
De mémoire d’homme de lettres, on n’a jamais vu un écrivain honorer cette instruction biblique. Il se commet de plus en plus de livres, par contre le nombre de lecteurs diminue exponentiellement. Cherchez l’erreur !
- Quelle est l’importance de l’engagement du public pour vous et votre travail ?
Elle prime tout. J’ai toujours écrit pour le public, jamais pour moi, mais je suis conscient que j’en avais trois bien distincts l’un de l’autre. Le premier, c’est le lecteur (et la lectrice bien entendu) d’un livre. Il ou elle appréciera selon ses goûts. Quant au lecteur d’une étude dite savante, il critiquera rarement à moins que la faute soit lourde. Par contre, jamais il ne louera : vanité académique ! Le lecteur d’un livre n’hésitera pas à en parler, généralement au cours de rencontres fortuites, surtout si le livre lui a plu.
Comme j’ai parfois pris un véritable plaisir à brasser la cage d’hypernationalistes abonnés à perpétuité à l’histoire d’Acadie sclérosée, j’ai eu droit en retour à des attaques personnelles quasi hystériques qui m’ont convaincu que ces échaudés n’avaient, en réalité, pas lu le livre honni. C’est un phénomène fréquent.
L’autre catégorie de lecteurs est plus volatile et imprévisible ; ce sont les lecteurs d’éditoriaux, tous signés dans la tradition française, et de chroniques. Il s’agit d’un public vivant, parfois exubérant, toujours stimulant et qui aime les idées. Il n’hésite pas à faire connaître son opinion. L’opération est toujours utile.
Écrire pour le public sous quelque forme que ce soit, c’est assumer la redoutable responsabilité d’être soi-même, franc, honnête, piquant de temps à autre uniquement dans l’espoir de faire bouger les choses, sans jamais être malveillant. Je m’en suis toujours fait un point d’honneur, quoi qu’en aient pu penser certaines bonnes âmes toujours en grand deuil de cette pauvre Évangéline déportée il y a deux cent sept ans.
Afin de ne jamais oublier cette responsabilité librement acceptée par l’écrivain que je crois être, je transcris toujours dans la page de garde de mon agenda annuel de poche cette terrible adjuration de l’évangéliste saint Matthieu : « Or je vous le dis : de toute parole sans fondement que les hommes auront proférée, ils rendront compte au Jour du Jugement » (Mt 12 :36).
- Que souhaiteriez-vous dire aux artistes émergents d’aujourd’hui ?
Je crois qu’il est téméraire de donner des conseils aux écrivains émergents. J’ai toujours en tête la saine maxime du duc de La Rochefoucauld : « Les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples. » Sans donner de conseils, je vais quand même formuler ce que j’appellerai pour sauver la face « de fortes suggestions ».
Dans un cours de journalisme à l’Université de Moncton, j’ai martelé cent fois ce postulat ; évitez les clichés comme la peste bubonique. Ils sont insidieux, ils sont partout, ils déforment une pensée claire. Ce sont des béquilles qui obnubilent toute originalité et font suspecter la crédibilité de ce qui est écrit ou dit.
Pourquoi qualifier invariablement l’obtention d’un Prix littéraire de « prestigieux » ? Ils le sont tous par définition. Connaît-on un Prix obscur qui ne soit pas prestigieux ? Aussi, est-il nécessaire de qualifier un mort, une morte, de « regretté » ? La plus exécrable mégère, le plus sordide crétin — et ils sont légion — seront regrettés au moins par leur chat ou leur chien, … pour un temps. Et que dire de cette abominable et pompeuse turgescence qui ne signifie strictement rien, bien qu’habillée d’oripeaux faussement nobles : « Il persiste et signe ». Assez !
Au bout du compte, je conjure tout néophyte en écriture, ou « tout ce qui grouille et scribouille » comme disait le général de Gaulle, de se doter de dictionnaires et de les consulter souvent. Les mots ont un sens, les dictionnaires le précisent alors que l’omniprésent correcteur d’orthographe ne fait pas autre chose que de corriger. Un dictionnaire enrichit le vocabulaire. Comment se fait-il que, francophones et anglophones confondus, négligent systématiquement cet outil indispensable pour bien écrire ? Faut-il chercher ailleurs la cause de la lamentable paucité des vocabulaires contemporains ?
À « Petite Plaisance » dans le Maine, résidence américaine de l’incomparable styliste que fut Marguerite Yourcenar, on peut voir et même toucher les nombreux dictionnaires, français, grecs, Latins qu’elle avait à portée de la main dans son cabinet de travail. L’exemple venant de haut, il mériterait d’être imité.
Né à Edmundston, Robert Pichette est l’auteur d’une vingtaine de livres traitant de l’histoire de l’Acadie et du Nouveau-Brunswick. Ses textes se caractérisent par leur rigueur du point de vue de la recherche et de la maîtrise de la langue française. Modèle de l’humaniste classique, il fut, entre autres, sous-ministre du Premier ministre Louis J. Robichaud et premier directeur des Affaires culturelles du Nouveau-Brunswick. Il a corédigé la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick, et il est le créateur du drapeau de la province.
Récipiendaire du Prix littéraire France-Acadie, l’Université Sainte-Anne (Nouvelle-Écosse) lui a décerné un doctorat ès lettres honoris causa tandis que l’Université de Moncton lui a conféré un doctorat en Affaires publiques. Il est officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite et chevalier de l’Ordre des Palmes académiques (France), Fellow de la Royal Society of Arts de Grande-Bretagne ainsi que de la Société royale d’héraldique du Canada dont il est l’un des membres fondateurs et ancien président, colonel honoraire de la garde nationale de l’État de la Louisiane, et membre de l’Ordre du Nouveau-Brunswick depuis 2006.