Le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick est un organisme de financement des arts indépendant dont le mandat est prévu par la loi pour faciliter et promouvoir la création d’œuvres d’art et l’administration de programmes de financement pour les artistes professionnel.les de la province.
Tombées dans les interstices – Elise Anne LaPlante
Je suis Elise Anne LaPlante et je suis commissaire indépendante. J’ai grandi à Moncton et je crois avoir toujours été intéressée par les arts et la culture. J’ai entamé mon parcours académique en communication, mais toujours en gravitant autour des arts. Après 3 sessions d’incertitudes, j’ai fait le saut sur un coup de tête et je suis partie étudier l’histoire de l’art à Montréal. Cette décision spontanée, peut-être instinctive, figure parmi les meilleures décisions prises dans ma vie.
Le commissariat est pour moi la réponse à tous mes questionnements de carrière. Je ne désirais pas devenir artiste, mais les arts visuels et les artistes me passionnaient. J’ai ensuite découvert pendant mon parcours académique une passion pour la conceptualisation d’exposition et c’est sur cet élan que je souhaite poursuivre ma carrière, ici au Nouveau-Brunswick.
Comme chercheure et comme commissaire, je m’intéresse particulièrement aux théories féministes sur l’art et plus précisément à la représentation des femmes artistes dans l’histoire de l’art en Acadie. Les archives sont aussi au cœur de ma pratique commissariale et de mes intérêts.
J’ai reçu deux bourses d’artsnb qui ont contribué à un projet qui me tenait à cœur, mais qui représente aussi pour moi l’expérience professionnelle la plus enrichissante et déterminante de ma carrière à ce jour; le projet de recherche, d’exposition et de publication Tombées dans les interstices. Ce projet avait comme objectif de mettre en lumière quelques-unes des femmes qui ont participé au développement de l’art contemporain en Acadie, mais aussi de comprendre pourquoi les théories féministes en arts visuels ont connu si peu d’emprise en Acadie et sont encore aujourd’hui peu discutées dans les pratiques artistiques acadiennes.
En premier lieu, une bourse qui m’a permis de me rendre à Montréal afin de participer à un colloque à l’UQAM intitulé « Perspectives féministes en histoire de l’art : ébranler les piliers de la discipline » et de présenter ma recherche, mais aussi de côtoyer de mes homologues. Le séjour m’a également permis de rencontrer en personne quelques artistes faisant partie de ma recherche.
Je suis très reconnaissante d’avoir eu l’occasion de présenter mes recherches concernant notre milieu franco-néo-brunswickois à l’extérieur de la province et d’avoir su susciter un intérêt pour l’art de chez nous. Toutefois, ce sont les rencontres qui ont été les plus fructueuses. D’une part avec les collègues présent.e.s au colloque, mais surtout avec les artistes présentées dans l’exposition. Comme commissaire, ce sont des relations que je valorise grandement. Discuter avec elles de leurs expériences et de leur réalité face au contexte qui a été central à ma recherche a certainement été très enrichissant.
En deuxième lieu, une bourse de documentation qui a été le financement principal pour la réalisation d’une publication en marge de l’exposition. Cette publication, rendue possible grâce au soutien financier d’artsnb, de la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen et de l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton, permet d’ancrer dans l’histoire le travail de ces artistes femmes. D’une part, il s’agit de leur rendre une visibilité largement méritée, d’autre part, et surtout, il s’agit de porter un regard actuel sur ce phénomène de marginalisation, de revisiter ces œuvres à la lumière du présent et d’étudier l’innovation de ces œuvres et leur impact aujourd’hui.
Le catalogue met en circulation des images de ces œuvres marquantes et leur offre une pérennité, mais sert aussi d’outil pédagogique où le féminisme en arts visuels en contexte acadien est abordé, réfléchi et relancé comme sujet à discussion. L’ouvrage comporte plusieurs textes critiques provenant d’auteures de divers champs de spécialisation ; Nelly Dennene, directrice générale du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, Penny Cousineau-Levine, directrice des études supérieures et professeure au département d’arts visuels à l’Université d’Ottawa et fondatrice de la Galerie Explosion (galerie pour femmes ayant existé en 1975-76 à Moncton), ainsi que moi-même, commissaire de l’exposition.
Le projet m’a permis de tisser des liens importants avec des artistes, des collègues chercheuses et chercheurs et des collègues féministes qui se spécialisent dans d’autres domaines. Je crois aussi que ce projet a su rassembler deux communautés, soit la communauté féministe établie à Moncton (et plus largement celle du Nouveau-Brunswick, par l’entremise du Regroupement féministe du N.-B.) et la communauté des arts visuels. Plusieurs discussions fort intéressantes en sont découlées.
Sans que ce soit un choix prémédité, car d’emblée ce sont mes propres valeurs et intérêts qui m’ont mené à ce sujet, je crois que cette recherche est tombée d’appoint avec l’actualité. Les luttes féministes et les revendications pour de meilleures conditions sociales, économiques et politiques pour les femmes ont certainement été fort présentes en 2017 et je suis particulièrement fière que ce projet ait participé à ce mouvement. Je sens que ma génération se mobilise et réveille les débats encore nécessaires, je sens que les féminismes sont d’actualité et je sens que bien que la route soit encore longue, des changements sont bel et bien en train de prendre lieu.
Je souhaite aussi souligner que les arts visuels peuvent contribuer et contribue activement aux réflexions sociales telles que les féminismes. À cela s’ajoute que je suis fière que le milieu (et qu’artsnb!) reconnaisse de plus en plus la contribution du commissariat et de l’écriture au milieu des arts. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je souhaite consacrer ma carrière à une meilleure reconnaissance des artistes, à ancrer leur travail dans l’histoire de l’art et à développer un discours critique autour de leurs pratiques artistiques, et ce, principalement en tant que commissaire.
Diplômée de l’UQAM en histoire de l’art, Elise Anne LaPlante est commissaire indépendante et travailleuse culturelle. De retour en Acadie, elle s’intéresse particulièrement à la représentation des femmes artistes dans l’histoire de l’art acadien et aux théories féministes sur l’art. Elle s’intéresse également aux archives et aux pratiques qui exploitent les zones floues entre les disciplines et qui reprogramment l’histoire de l’art à des fins artistiques.
Elise Anne s’implique activement dans son milieu, notamment par l’écriture de textes critiques (Liaison, Astheure, Catalogue de l’exposition Harias de Mario Doucette), par la coordination d’événements (Festival RE:FLUX, Symposium d’art/nature, atelier d’écriture sur l’art visuel), par l’enseignement (chargée de cours à l’Université de Moncton), ainsi que par ses projets d’expositions en tant que commissaire (Dérouler l’archive : LASART (1982) revisité (2015, 2017), (RE)voir (2016), Tombées dans les interstices (2017) et Images Rémanentes (2018)).
Vous pouvez suivre le travail d’Élise Anne sur son site Internet.
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