Le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick est un organisme de financement des arts indépendant dont le mandat est prévu par la loi pour faciliter et promouvoir la création d’œuvres d’art et l’administration de programmes de financement pour les artistes professionnel.les de la province.
* Voici une entrée de blogueuse invitée, la première de plusieurs dans les prochains mois
Tapis hooké : tradition ou innovation?
Marie-Claude Hébert, artiste multidisciplinaire et traductrice
La discipline du tapis « hooké » ou crocheté est ancrée dans la mémoire de la plupart des gens du Nouveau‑Brunswick et des provinces de l’Atlantique. En effet, chaque fois que je me trouve à une exposition ou à une démonstration de hookage, je rencontre des gens qui me parlent de leurs souvenirs d’enfance, où leur mère, leur grand-mère ou leur grand-père hookait. Mais qu’est devenu le hookage aujourd’hui? Les artistes de la fibre de la région et d’ailleurs au pays le travaillent comme mode d’expression à même titre que la peinture et le dessin tout en restant fiers de leurs racines comme en témoigne le Registre des tapis du N.‑B. qui continue d’homologuer les tapis de 25 ans et plus.
Dans une discipline où l’on ne peut éviter d’apprendre les techniques de base dès le départ, les artistes qui se consacrent à cette discipline sont de toutes les trempes. On respecte la tradition ou l’on s’en éloigne, tout est permis et, comme dans bien des disciplines, la frontière entre arts et métiers d’art se brouille. Certaines artistes mêlent délicieusement les matériaux et les techniques, incluant dans leurs œuvres le bas-relief, la broderie, le feutrage, etc., comme Danielle Ouellet, artiste du textile chevronnée (image 1) et Lynn Losier, artiste de la fibre et costumière (image 2) et d’autres perpétuent la glorieuse tradition de la pièce figurative comme Charline Collette, artiste et étudiante aux études supérieures au NBCCD (image 3), Marielle Poirier, artiste du hookage (image 4) ou Joanna Close, diplômée et maintenant professeure à NSCAD. D’autres encore, comme Pat Winans, artiste multidisciplinaire du groupe canado-américain Plein Air Hooking Artists, se lancent dans la création en plein air (image 5). L’artiste laisse libre cours à son inspiration : teinture naturelle et fibres recyclées ou soie neuve et lainage reteint. L’hybridation du postmodernisme s’est depuis longtemps intégrée à plusieurs métiers de la fibre et c’est au tour du hookage de faire ce bond; une discipline qui mérite un rôle plus important sur la scène artistique.
Les ateliers, les expositions et les conférences se multiplient aussi. À l’échelle locale, nous aurons la chance de voir naître un nouveau festival d’art à Grand-Barachois du 28 au 30 août qui mettra l’accent, cette année, sur les arts du recyclage et les arts textiles, puis il y a Michele Micarelli qui offrira un atelier de hookage le 16 mai à Shediac. En mai aussi, la guilde de hookage de la Nouvelle-Écosse organise chaque année des cours d’une semaine. Le collectif LesHookeuses du Bor’de’lo, lui, verra son exposition hommage Les Hookeuses et Roussel être exposée au Musée du Nouveau-Brunswick pour la saison estivale, et l’exposition Hooking Hoops of Love for New Brunswick se déplace au musée du tapis hooké de l’Amérique du Nord en Nouvelle-Écosse. À l’échelle régionale et nationale en octobre, le Conseil des arts de Terre-Neuve offre une conférence internationale sur les fibres et Victoria accueille en 2015 sa triennale internationale de tapis. Pour ma part, je sais que je continuerai à explorer ce qui se fait en matière de tapis et je crois que cette discipline n’a pas fini de surprendre.
En tant qu’entité provinciale, le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick reconnaît qu’il effectue son travail sur le territoire traditionnel non cédé des peuples Wolastoqiyik, Mi’kmaq et Peskotomuhkati. Lisez la déclaration en entier ici.