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Belle-Île-En-Mer, île bretonne et acadienne – Phil Comeau
Jeune, j’étais rebelle. À 13 ans, mon père m’a donné une caméra 8mm, et ça m’a probablement sauvé la vie car le cinéma est devenu une passion. Tourner des images pour mieux exprimer mes sentiments fut une révélation pour moi et une nouvelle liberté. Débutèrent alors mes premiers films amateurs (tous mauvais!) avec mes amis. À mon école secondaire, j’ai voulu séduire mes co-écoliers à ce beau medium artistique, alors j’ai fondé deux clubs, un en théâtre et l’autre en vidéo, et nous faisions des productions. Mais, jusqu’à là, ce passe-temps n’était qu’une distraction. Je ne voyais pas comment je pourrais vivre du cinéma.
Lors de mes études en Arts dramatiques à l’Université de Moncton, les étoiles se sont alignées. L’Office national du film du Canada a ouvert un studio à Moncton et a encouragé la formation de jeunes cinéastes acadiens. J’ai écrit et réalisé mon premier film de fiction LA CABANE (1977), film sur le conflit des générations, pour exorciser mon malaise d’adolescent. Ce film fut suivi l’année suivante par un autre film de fiction LES GOSSIPEUSES (1978), qui est une comédie sur le commérage que j’ai écrit et réalisé en pensant à mes tantes drôles. Le public a beaucoup aimé ce film et encore aujourd’hui, il est un film culte en Acadie. Des étudiants enlèvent le volume et jouent les dialogues et les accents en visionnant le film. Depuis ces deux premières productions de l’ONF, j’ai tourné une centaine de projets en fiction et en documentaire. Certains films furent faciles à tourner, d’autres furent des cauchemars, mais à chaque expérience je grandis et acquiers de l’expérience comme cinéaste.
Le film BELLE-ÎLE-EN-MER, ÎLE BRETONNE ET ACADIENNE est un film documentaire que je voulais tellement faire que j’étais prêt à le payer de ma poche si je ne trouvais pas de financement. En effet, aucun bailleur de fonds traditionnel ou réseau de télévision ne voulait participer au projet. Mais j’ai refusé de laisser tomber les bras. J’étais convaincu qu’il y avait ici un beau sujet, de beaux personnages et un environnement d’une beauté sublime. Sans m’en rendre compte tout de suite, ce refus de financement des réseaux classiques allait être une bénédiction. J’allais faire ce film comme je le voulais, avec une liberté artistique n’ayant pas besoin de répondre aux normes standardisées des réseaux TV.
Fasciné par les Acadiens qui habitent Belle-Île-en-Mer, une île bretonne en France que j’avais visitée à quelques reprises, j’ai écrit mon scénario sous forme lyrique comme un long poème d’amour. Inspiré par ces habitants, je voulais faire un hommage au courage de leurs ancêtres réfugiés acadiens qui s’étaient installés ici. Pour moi, cela relève d’un miracle de survivance et d’une valeur humaine remarquable. Les habitants de Belle-Île ont conservé leur attachement à notre Acadie, malgré une séparation de deux siècles et demi et une distance de 5000 km entre nos deux côtes.
Le scénario prêt, je l’ai déposé à artsnb, les doigts croisés. Et la réponse fut positive! Cela m’a permis de me rendre en France et de payer une bonne équipe de tournage. J’ai tourné le film pendant les Fêtes de commémoration du 250ème anniversaire de l’arrivée des Acadiens à Belle-Île pendant que visitait un groupe d’Acadiens du Nouveau-Brunswick. Tous les personnages du film se sont prêtés au jeu avec plaisir. Après le tournage, j’ai reçu un financement du programme d’aide au cinéma indépendant (ACIC) de l’Office national du film du Canada qui m’a permis de payer une bonne équipe de post-production. Le film comporte un montage sensible fait par Julien Cadieux (originaire de Shediac), un concept sonore ingénieux de Serge Arsenault (originaire de Bathurst), et une trame musicale époustouflante de Frédéric Chiasson (originaire de l’île de Lamèque). Le film ne m’a couté que 7 000 $ de ma poche.
Une série de surprises vont suivre. Lors de la Première mondiale du film au 30ème Festival International du cinéma francophone en Acadie (FICFA) à Moncton, le film acquiert son premier prix. Le film se mérite ensuite 20 prix à d’autres festivals, ce qui en fait le record pour un film du Nouveau-Brunswick. Et ironiquement, les réseaux de télévision, qui avaient refusé de financer le projet, achètent le film pour diffusion! Radio-Canada le diffuse au Canada et le réseau TV5 Monde, qui le traduit en 10 langues, diffuse le film dans 151 autres pays!
“Never give up”! Pour chaque projet, le financement est le nerf de la guerre. J’ai appris avec les années que quand un projet de film ne reçoit pas tout le financement souhaité, il ne faut pas se décourager. Il faut adapter son projet en le rendant plus inventif, plus artistique, plus touchant et avec des personnages attachants. De toute façon, un film personnel est toujours mieux apprécié par le public.
Je suis présentement à terminer la post-production de VAGUE D’ACADIE, sur les artistes acadiens en musique qui rayonnent dans la francophonie des Amériques et d’Europe. Il y a tellement de bons sujets de films ici au Nouveau-Brunswick qui n’ont pas encore été tournés, que le défi pour moi est toujours de voir lequel parmi les films qui dansent dans ma tête est celui qui me semble le plus urgent à écrire et réaliser. Pour moi, tourner des films est aussi viscéral qu’un besoin d’oxygène.
Liste des 23 prix du film Belle-île-en-mer, île bretonne et acadienne
Prix Diamant, Meilleur documentaire en langue étrangère – Directors Awards (Bali, Indonésie)
Mention spéciale du jury – Formosa Festival of Int. Filmmaker Awards (Taichung, Taiwan)
Amérique du sud (2)
Meilleur court métrage documentaire – 7e South Cinematographic Academy Film & Arts (Rancagua, Chili)
Meilleur photo court métrage – 7e South Cinematographic Academy Film & Arts (Rancagua, Chili)
Amérique du nord (16)
Meilleur court métrage acadien, FICFA (Moncton, N-.B.)
Prix Platinum Remi, catégorie culturelle – WorldFest (Houston, Texas)
Prix de mérite – Canada Shorts Film Festival (Toronto, Ontario)
Prix d’excellence, Documentaire – Best Shorts Competition (San Diego, Californie)
Prix de mérite, Réalisation – Best Shorts Competition (San Diego, Californie)
Prix de mérite, Scénario – Best Shorts Competition (San Diego, Californie)
Mention spéciale du jury – Festival Cinema on the Bayou (Lafayette, Louisiane)
Mention honorable – Headline International Film Festival (Vancouver, C.-B.)
8 Prix d’excellence, pour Meilleur court documentaire, réalisateur, scénario, producteur, photo, son, musique, montage. – Southern Shorts Awards (Roswell, Géorgie)
Liste des 22 autres Sélections officielles
Europe et Moyen Orient (13)
Moscow Shorts International Film Festival (Russie), Barcelona Planet Film Festival (Espagne), International Short Film Festival Beverin (Belgique), Gold Movie Awards Godess Nike (Londres, Angleterre), Feel The Reel International Film Festival (Glasgow, Écosse), Bucharest ShortCut CineFest (Bucarest, Roumanie), Short to the Point (Bucarest, Romanie), Woodengate Film Festival (Baia Mare, Roumanie), Festival insulaire de l’île de Groix (France), Les Nuits Cajun (Saulieu, France), Festival 24 images seconde (Florac, France), Festival CineFil (Lorient, France), Near Nazareth (Israël).
Amérique du nord et Amérique du sud (9)
Los Angeles Independant Film Festival (Los Angeles, Californie), Fondecoin Independant International Short Film Festival (Puerto La Cruz, Venezuela), Ficmarc Carribbean Sea International Film Festival (Pampatar, Venezuela), Oaxaca FilmFest (Oaxaca, Mexique), Rendez Vous Québec Cinéma (Montréal, Québec), Festival de cinéma de la ville de Québec (Québec), Atlantic International Film Festival (Halifax, N.-É.), Charlottetown Film Festival (Î.-P.-É.), Silver Wave Film Festival (Frederiction, N.-B.).
Réalisateur et scénariste acadien de Moncton, Phil Comeau a réalisé plus d’une centaine de films en fiction et en documentaire. Ses films incluent des films uniques et des séries. Il a aussi tourné trois longs-métrages documentaires (RON TURCOTTE JOCKEY LEGENDAIRE, FREDERIC BACK GRANDEUR NATURE, et ZACHARY RICHARD TOUJOURS BATAILLEUR), un long métrage en fiction acadienne (LE SECRET DE JEROME) et deux longs téléfilms fictions en coproduction avec la France (LE CRASH DU SIECLE) et avec les États-Unis (TEEN KNIGHT). Les films de Phil se sont mérités plus de 70 prix aux festivals en Amérique du nord, en Europe, en Asie et en Afrique. Diffusés sur plus de 75 réseaux TV à travers le monde, plusieurs de ses films ont été traduits en de nombreuses langues. Pour sa contribution au rayonnement du cinéma acadien et canadien, Phil a reçu l’Ordre du Canada, l’Ordre du Nouveau-Brunswick, l’Ordre des francophones d’Amérique, l’Ordre des arts et des lettres de la France et l’Ordre de la Pléiade. Globetrotter, Phil a visité une cinquantaine de pays et il a réalisé des films au Canada et dans 23 pays. Il est le président du Front des réalisateurs indépendants du Canada (FRIC).
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