Une année de transformation

Une entrevue avec Katrina Slade

Série artiste en vedette – Katrina Slade

Katrina Slade est une artiste multidisciplinaire qui vit et pratique à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Comme de nombreux artistes, la pandémie a profondément influencé sa pratique artistique. Au cours de la dernière année et demie, elle a traversé les incertitudes de la pandémie pour découvrir le potentiel illimité de sa carrière artistique. En juin dernier, j’ai eu l’occasion d’interviewer Katrina via Zoom et de parler un peu plus de ce qui a été à l’origine de tant de succès pour elle au cours de la dernière année.

De gauche à droite : Katrina et Audrée en conversation sur la plateforme Zoom Katrina and Audrée meeting up via Zoom.

C’est un plaisir de vous rencontrer, Katrina! Pouvez-vous me parler un peu de votre expérience de mentorat, pour laquelle vous avez reçu une bourse du programme de Développement de carrière d’artsnb ?

J’avais déjà participé à un mentorat dans le cadre du programme Catapulte d’ArtslinkNB et je pensais que cette expérience avait été très bénéfique pour ma pratique. J’ai voulu reproduire cette expérience, mais en explorant cette fois le côté entrepreneurial de mon travail. Lorsque j’ai participé au programme Catapulte, la direction que je voulais donner à mon travail est devenue très claire : je voulais m’attaquer à la concession de licences d’art et à la consultation en art. En 2019, j’ai suivi un cours de consultation en art en ligne de l’artiste et consultante Katie Brennan et j’ai adoré sa façon de concevoir le côté entrepreunarial de l’art. J’ai pensé qu’elle pouvait être un bon mentor pour moi, alors je l’ai rencontrée en ligne en tête-à-tête, et nous avons discuté de ce dont nous pourrions travailler ensemble. Comme nous nous entendions bien, j’ai postulé au volet Développement professionnel du programme de Développement de carrière d’artsnb et j’ai obtenu la subvention !

Quel a été le rythme de votre mentorat ?

Katie a suggéré que nous nous rencontrions une fois par mois pendant une heure ; je n’ai jamais trouvé que c’était suffisant ! (rires) Elle a suggéré cela pour qu’elle puisse avoir une vue d’ensemble et que je puisse peaufiner ma vision et la mettre en œuvre dans ma pratique artistique tout en restant autonome tout au long du processus. J’étais maître de ma carrière, je faisais mes propres choix, mais je pouvais lui demander conseil. Elle était capable de saisir une bonne perspective extérieure et me faire comprendre les possibilités qui s’offraient à moi.

La première chose qu’elle m’a suggérée a été de mettre sur pied des cours d’art en ligne, car j’avais déjà travaillé comme instructrice dans le cadre du programme Edventures au Collège de métiers d’art du Nouveau-Brunswick (NBCCD). Je me sentais vraiment intimidée ; je n’avais jamais créé de contenu vidéo auparavant. Mais Katie a continué à m’encourager et j’ai fini par le faire. Ce projet m’a amené à rechercher d’autres possibilités de financement pour acquérir l’équipement nécessaire à la production des vidéos pour les cours en ligne. J’ai fait une demande de fonds pour des projets spéciaux auprès du GNB, ce qui m’a permis d’engager une autre artiste émergente, une cinéaste récemment diplômée, pour m’aider à créer les vidéos.

J’ai créé des cours en ligne de journal artistique à la demande, car c’était le cours que j’enseignais déjà dans le cadre du programme Edventures. Nous étions au cœur de la pandémie, et j’ai pensé que ce serait une bonne ressource pour les personnes vivant des défis au niveau de leur santé mentale. Les leçons abordent les concepts de résilience, de compassion, de pleine conscience, de thérapie par la nature ; toutes les leçons incluent une méditation. Je pense que la tenue d’un journal artistique est un excellent exutoire émotionnel pour les gens, et j’espère qu’ils pourront utiliser les leçons pour leur propre plaisir et leur développement personnel. La création de ces leçons a nécessité tellement d’apprentissage de ma part ! Cela m’a pris beaucoup plus de temps que prévu, mais j’ai réussi. Les cours sont en ligne depuis un an maintenant.

Des examples de journal artistique tirés des cours en ligne de Katrina.

Comment le thème que vous avez exploré dans ces cours s’est-il relié à votre propre pratique créative ?

Ma pratique créative a toujours été ancrée dans les concepts émotionnels. Je suis une personne très sensible, donc je suis vraiment en contact avec mes émotions et je pratique la pleine conscience depuis des années ; cela a toujours influencé ma pratique. Je suppose que je pourrais dire que mon travail est toujours basé sur, ou inspiré par, ce que je veux manifester dans ma vie. Par exemple, je faisais une série sur l’autocompassion parce que j’avais c’est ce que j’avais vraiment besoin pour moi-même. Mes derniers projets portent sur la gentillesse et la compassion envers les autres. Je veux vraiment encourager les autres à pratiquer la gentillesse et la compassion pour créer de l’unité dans le monde, ce dont je pense nous avons désespérément besoin.

« Crown ». Crédit photo: Sarah Sarty

Pouvez-vous nous parler de ce sur quoi vous travaillez actuellement ?

J’ai été invité à la Biennale internationale d’art contemporain de Florence, en Italie, pour laquelle je crée une grande installation. Ce projet est directement lié à un autre que j’ai réalisé dans le cadre de mon mentorat l’été dernier. Alors que je travaillais encore avec ma mentor, elle m’a encouragée à répondre à un appel d’offres d’art public lancé par la ville de Fredericton. Je n’avais jamais fait d’art public auparavant, alors j’étais un peu hésitante. Finalement, mon projet a été sélectionné et j’ai créé mon installation Weathergram for good, qui a été exposée à l’été 2020 devant l’hôtel de ville. J’ai créé une installation et je n’arrivais pas à croire que je l’avais fait ; je faisais tellement de choses en dehors de ma zone de confort ! Mais de ce projet est née une plus grande installation pour la Biennale. Il s’agira d’utiliser certains des éléments de Weathergram for good, mais la pièce sera une sorte de grande tente dans laquelle les spectateurs pourront entrer pour interagir avec l’œuvre.

« Weathergram for good » – Été 2020, installation en face de l’hôtel de ville de Fredericton.
« Weathergrams for good » (détail). Crédit photo: Sarah Sarty

Vous avez également reçu cette année une bourse Arts à l’étranger du Conseil des Arts du Canada, est-ce pour aller à la Biennale de Florence ?

Oui, j’ai reçu cette subvention, mais ils n’ont pas encore pu me donner l’argent à cause des restrictions sur les voyages internationaux. La logistique du projet pendant la pandémie fait qu’il m’est vraiment difficile de voir ce projet prendre vie. Il me faut des mois et des mois pour le mener à bien. Il s’agit d’un équilibre délicat entre la réalisation de l’œuvre et le désir de l’exposer à Florence, et il est difficile de le faire avec autant d’incertitude étant donné que nous sommes en pleine pandémie.

Il semble que ce mentorat ait vraiment mis votre pratique au défi ; pensez-vous que votre pratique a changé depuis cette expérience de mentorat ?

Le projet que j’ai réalisé l’été dernier, que je ne pensais pas être capable de faire, a évolué vers le projet sur lequel je travaille actuellement, et je ne me suis jamais vue comme une artiste d’installation ! Avant le mentorat, je disais « Je suis artiste peintre ». J’utilisais de la peinture acrylique ou je faisais des peintures mixtes ou des collages, mais je n’avais jamais travaillé sur quoi que ce soit de sculptural. Mais depuis mon dernier mentorat, les choses ont changé, je ne suis plus seulement une peintre, je fais toutes ces autres choses ; maintenant je dis que je suis une artiste multidisciplinaire. Katie m’a mis sur cette trajectoire où j’ai fait beaucoup de choses que je n’avais jamais faites auparavant, et depuis, je ne vois plus ma pratique de manière aussi limitée. Elle m’a aidé à réinventer ma pratique. Je ne savais pas à quoi m’attendre avant de commencer le mentorat avec elle, nous avons beaucoup parlé affaires mais surtout de l’état d’esprit pour m’aider à grandir en tant qu’artiste. Le mentorat m’a donné la confiance nécessaire pour aller de l’avant. Elle m’a aidé à voir mon potentiel illimité en tant qu’artiste. Nous étions alignées sur beaucoup de croyances spirituelles et de valeurs, elle m’a vraiment aidée à avoir confiance en moi et à croire en mes capacités.

Il semble que vous vous soyez bien débrouillée en tant qu’artiste pendant la pandémie, qu’en pensez-vous ?

C’était une année de grande transformation pour moi, et je ne l’aurais jamais imaginé. Je suppose que j’étais juste dans cette « zone ». Mais j’étais aussi épuisée, travaillant dur sur différents projets, parfois simultanément. Les plus grands projets de ma carrière à ce jour se sont déroulés pendant la pandémie. C’est assez cool de voir où j’étais avant la pandémie et où j’en suis maintenant, et de constater le chemin parcouru.

Avant de nous quitter, avez-vous un balado, une émission ou un livre que vous recommanderiez et qui s’inspire de votre expérience de mentorat ?

J’ai adoré écouter le balado Creative Peptalk (en anglais seulement), et je vous suggère de lire « The Desire Map » de Danielle Laporte (en anglais seulement).


Katrina Slade est une artiste visuelle multidisciplinaire de troisième génération, passionnée depuis toujours par la créativité.  Son travail s’inspire souvent d’une réaction personnelle à son environnement et met l’accent sur des messages positifs et édifiants. Katrina utilise principalement la peinture acrylique et crée parfois des œuvres sculpturales ou des installations.

Katrina a obtenu un Baccalauréat en beaux-arts spécialisé en peinture et en dessin, suivi d’une maîtrise en 2011 dans son État natal de l’Oregon. Les voyages à travers le monde ont été déterminants dans sa croissance artistique. Après avoir passé la décennie de ses vingt ans à voyager et à travailler à l’étranger, elle a immigré au Canada en 2018.

Katrina a bénéficié de plusieurs expositions individuelles, et a participé à de multiples expositions à deux et collectives en Europe et en Amérique du Nord. Son travail a été publié dans des livres, des magazines, et fait partie de collections privées dans divers pays du monde. Elle vit et travaille actuellement à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

(Crédit photo: Sarah Sarty)

Restez à l’affût de la pratique artistique de Katrina et suivez-la sur les réseaux sociaux!

Retrouvez-la : Katrina sera à Saint-Andrews à la résidence KIRA du 24 août au 21 septembre. Elle apportera également son projet Weathergrams for good dans les écoles dès que la pandémie sera sous contrôle. Elle a hâte de permettre aux élèves de se développer au travers de l’acte de création, tout en promouvant la pleine conscience, la gentillesse et la compassion.

Site web: https://www.katrinaslade.com/

Facebook: https://www.facebook.com/katrinasladeart

Instagram: https://www.instagram.com/katrina.slade.art/