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Une résidence au Cercle arctique à bord du navire Antigua
Série artiste en vedette artsnb – Rédigé par Julie Forgues
En 2016, grâce à une bourse d’artsnb, j’ai eu l’occasion de participer à la résidence d’artiste Arctic Circle – solstice d’été – à bord du grand voilier Antigua qui a navigué pendant 16 jours dans les eaux de l’archipel du Svalbard. Le fait d’être dans l’Arctique, tout en menant des recherches visuelles, a transformé ce que j’étais / suis en tant qu’artiste. L’Arctique vous ébranle en tant que personne, en tant qu’artiste ! Cet été, après 7 ans, j’ai eu l’opportunité, une fois de plus, de naviguer avec Antigua dans les eaux du Svalbard, et à nouveau avec le soutien d’artsnb et aussi de la Fondation Sheila Hugh Mackay.
La principale question qui revenait sans cesse de la part des autres artistes était : « Pourquoi revenir ? »
Après ma première expédition en 2016, de retour à Moncton, j’ai eu un sentiment déchirant d’avoir abandonné une partie de moi au Svalbard. C’est la raison pour laquelle j’ai postulé à nouveau pour cette résidence exceptionnelle : reprendre cette partie de moi que j’avais laissée, là dans le ciel, les vagues, les rivages, la terre, etc., de ce fragment de l’Arctique. La rudesse et la douceur du terrain s’entremêlaient et flottaient… en attente dans mes pensées… comme si à ne pas devoir être touchées. Je devais y retourner. Je devais retrouver ce que j’y avais laissé, là, en attente.
Pour ma première expédition en 2016, j’avais transformé visuellement, à l’aide de la photographie, les grands espaces du Spitzberg, en lieux, et vogué dans leurs états d’entredeux. Ceux-ci étaient formés par les gardes lors de l’établissement d’un triangle (ou d’un carré) dans chaque lieu d’atterrissage, où nous, les artistes, nous nous engagerions tous.tes individuellement dans un acte créatif dans « notre place ». Il s’agissait cependant d’entredeux éphémères puisque ces derniers se dissipaient rapidement lors de notre retour sur Antigua. Toutefois, ceux-ci sont demeurés vivants dans nos travaux artistiques.
Between a vessel and a circle : landing 03, 2016
Pour l’expédition de juin 2023, ma recherche était axée sur une comparaison visuelle, à la manière des survey photographers, entre « ce qui était » et « ce qui est ». J’avais donc avec moi une cinquantaine de tirages à la gélatine argentique de ma collection 2016 pour comparer, une fois sur les amerrissages les changements (ou non) de cette terre soi-disant « vierge ». Ces épreuves étaient développées, mais non fixées, car il était prévu de les réexposer une fois dans l’Arctique sous sa lumière et de les fixer une fois de retour à Moncton. Cependant, nous n’avons mis pied qu’à un seul endroit de 2016, car la banquise était plaquée aux côtes nord où nous avions passé la majorité de notre expédition 7 ans auparavant.
Tiwayrebukta, 2016-2023
Rangée 01 – expédition 2023
Rangée 02 – images gélatine argentique (développées, mais non fixées) de l’expédition 2016, exposées aux éléments de l’Arctique 2023 (pluie, grésil, neige et lumière) et fixées une fois de retour à Moncton.
Rangée 03 – images 2016 (développées et fixées) lors de l’expédition 2023.
Après cet atterrissage, j’étais à la fois ravie et perdue !
Ravie parce que j’ai comparé visuellement un endroit spécifique comme je l’avais prévu (où on peut malheureusement constater un grand changement dans les glaciers et la terre après seulement 7 ans).
Perdue puisque ce projet que j’avais si soigneusement planifié n’a pris fin qu’après un atterrissage! J’étais donc perdue dans mes idées préconçues que j’avais si stratégiquement organisées pour cette expédition de 2023.
Comment allais-je donc maintenant aborder les changements climatiques dans en Arctique sans pouvoir retourner aux endroits précis?
Alors que nous naviguions d’une région à l’autre du Svalbard qui n’a pas encore été cartographiée, je me suis rapidement rendu compte que ma collection d’images pourrait sans aucun doute être réexposée, peu importe l’endroit dans cet archipel, puisque le but de cette recherche artistique était de communiquer visuellement l’importance des changements climatiques – drastiques – en Arctique. Comme seul un petit nombre de personnes peut voir, respirer et ressentir ces changements, la grande valeur est de générer une conversation sur les impacts considérables sur nous toustes, où que nous vivions, et ce, avec la plateforme artistique.
[travail en cours], Cercle arctique 2023, juin 2023
Toutes mes images ont donc été réexposées par la lumière de l’arctique sur différentes côtes sud et est du Spitzberg avec les éléments subtils qui sont altérés par nos comportements égoïstes : la faune, le réchauffement des eaux, la fonte des glaciers, les changements météorologiques, les transformations de la banquise, etc. Avec ce travail, je veux accroître la connaissance que notre comportement ailleurs dans le monde, peut avoir un grand impact sur les plus petits éléments fondamentaux de l’Arctique.
[travail en cours], Cercle arctique 2023, juin 2023
Ces images sont désormais des icônes physiques-fantomatiques du passé et du présent pour examiner notre avenir. Le moindre impact sur le système fragile de l’Arctique reviendra nous hanter si nous n’en prenons pas grand soin. Ce n’est pas le moment d’être en deuil; c’est le moment de changer pour justement ne jamais être en deuil.
[travail en cours], Cercle arctique 2023, juin 2023
Résidant à Moncton, au Nouveau-Brunswick, Julie Forgues a obtenu son baccalauréat en beaux-arts à l’Université de Moncton en 1995 et sa maîtrise en beaux-arts -photographie à l’Université Concordia en 1999. Elle est membre du corps professoral du Département des arts visuels de l’Université de Moncton depuis 2000 à titre de professeure de photographie et est chef de département depuis juillet 2016.
Julie a présenté son travail dans le cadre d’expositions individuelles et collectives, à l’échelle nationale et internationale. Elle a également participé à de nombreux programmes de résidence d’artiste en Chine, en Irlande, au Japon et dans l’Arctique. Elle a été artiste résidente au célèbre Swatch Art Peace Hotel à Shanghai d’août 2017 à février 2018. Elle considère son travail comme un entre-deux visuel entre un espace et un lieu.
En tant qu’entité provinciale, le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick reconnaît qu’il effectue son travail sur le territoire traditionnel non cédé des peuples Wolastoqiyik, Mi’kmaq et Peskotomuhkati. Lisez la déclaration en entier ici.