28 jours de pure magie

Écrit par Anne Stillwell

SÉRIE ARTISTE EN VEDETTE  ̶  ANNE STILLWELL

Comment résumer 28 jours de pure magie?

Du 19 mai au 16 juin 2021, j’ai participé à la résidence internationale pour les arts du jardin Kingsbrae (KIRA) à Saint Andrews, au Nouveau-Brunswick. La pandémie a perturbé notre arrivée initiale, mais même avec une année supplémentaire de préparation, je ne m’imaginais pas à quel point ces quatre semaines allaient changer ma vie.

J’ai séjourné dans le domaine historique de KIRA avec quatre autres artistes du Nouveau-Brunswick; chacun ayant son propre studio indépendant et un accès complet aux 27 acres des jardins Kingsbrae, qui comptent plus de 30 jardins à thème.

« Durant mon séjour, j’ai photographié des années de contenu, j’ai extériorisé mes pensées hâtives par des dessins énergiques, j’ai joué avec diverses encres et papiers qui ont comblé mon cœur de graveuse, j’ai sculpté sans relâche et j’ai entrepris des projets bien plus importants que ce que j’aurais normalement considéré comme étant sain d’esprit. »

En tant que graveuse autodidacte émergente, profondément inspirée par la nature, mon objectif pour le mois à venir était d’explorer autant que possible, sans contraintes ni distractions, et en me concentrant uniquement sur ma croissance. Je m’épanouis au printemps, lorsque les fleurs commencent leur cycle, et je savais que KIRA était l’endroit idéal pour moi. Mon intention première était de tester et d’étudier les matériaux de gravure afin de développer une base solide pour mon travail futur. J’ai évalué le papier, le tissu, les encres et les blocs en fonction de leur texture, de leur capacité d’absorption, de leur temps de séchage, des contrastes de couleurs et de toutes les surprises que j’ai rencontrées en cours de création. Les résidences sont avant tout un don en temps et je ne pouvais pas supporter l’idée de perdre une seule seconde.

Il n’a pas fallu longtemps pour établir une routine, mais il a fallu du temps pour se rendre compte que ce n’était pas un rêve, ayant véritablement l’impression de vivre sur une autre planète, isolée et loin de la réalité. Ce sont les jardins qui ont eu l’impact le plus intense. Les boutons de fleurs du printemps exercent sur moi une attraction sans pareille. Le cycle de croissance précoce, contenant des joyaux naturels complexes et époustouflants de perfection qui attendent patiemment de s’épanouir. Je voulais mémoriser chaque détail et faire partie des transformations quotidiennes, en prenant note de la vitesse du changement. Observer, absorber et évaluer. Chaque jour, je me suis promenée dans tous les jardins, en veillant à ne jamais en manquer un seul. D’abord le jardin des sculptures, pour vérifier l’état d’avancement des lupins et des iris. Puis une longue visite au magnolia Galaxie, en étudiant de près ses courbes. Puis le jardin des plantes vivaces avec la mer de têtes de serpent fritillaires. Respirer profondément au sein du verger de pommiers et se promener lentement dans l’allée de rhododendrons bourdonnants. Revenir par le jardin secret où se cache le cerisier japonais, menant aux sentiers tranquilles de la forêt. Chaque jour, je notais les progrès réalisés, attendant avec impatience les floraisons et sentant l’urgence alors que d’autres arrivaient déjà à la fin de leur cycle. J’avais en apparence un temps infini, mais pas encore suffisant pour capturer tout ce que je souhaitais.

Les images de mes œuvres portent sur le thème de la nature dont je ne peux m’éloigner. C’est ma façon de figer le temps et de ralentir ces moments fugaces de magie. J’ai le pouvoir de faire une pause là où je le souhaite, en savourant tout ce qui passe trop vite. La vitalité des fleurs dans la vie réelle est si parfaite que je n’ai aucun intérêt à la rivaliser. Au lieu de cela, je les dépouille, je les simplifie en les marquant d’espaces positifs et négatifs, en me concentrant sur les formes, les lignes, les courbes et les motifs.

Durant mon séjour, j’ai photographié des années de contenu, j’ai extériorisé mes pensées hâtives par des dessins énergiques, j’ai joué avec diverses encres et papiers qui ont comblé mon cœur de graveuse, j’ai sculpté sans relâche et j’ai entrepris des projets bien plus importants que ce que j’aurais normalement considéré comme étant sain d’esprit.

Quatre fleurs ont été reproduites, chacune ayant son propre objectif et un morceau de mon cœur. L’ail ornemental Allium a été le point de départ, le papier délicat abritant et testant ce qui était à venir. Les fleurs de pommier Sandow ont montré leur capacité à se transformer et à me pousser à évoluer. Les têtes de serpent fritillaire – débordant d’énergie et de passion. Enfin, les magnolias Galaxie, qui me ramènent à mon premier objectif et à mon éternelle admiration.

Chaque lever de soleil à cinq heures du matin, chaque promenade à vélo à six heures, les thés matinaux partagés, les visites d’atelier, les déjeuners au bord de l’océan, les promenades dans le jardin, les poésies sous le porche le soir et les innombrables aventures avec mes collègues artistes m’ont équilibré bien plus que la solitude à laquelle je m’attendais. Les sages paroles de notre directeur artistique, Geoff Slater, ont résonné dès le premier jour : nous sommes tous des conteurs d’histoires, nos expériences quotidiennes sont des entrées et l’acte de création est une sortie. Chaque moment de cette résidence est conservé et chéri et influencera infiniment ma démarche. 

Je remercie sincèrement artsnb pour le financement de ce projet par le biais du programme de Développement de carrière – volet Artiste en résidence.  Je suis à jamais reconnaissante à la fondatrice de Kingsbrae, Lucinda Flemer, pour l’occasion de participer à la résidence. À Geoff Slater pour son soutien et ses encouragements sans faille. Je suis très fière de partager cette expérience avec mes collègues artistes en résidence, Kaitlin Hoyt, Chantal Polchies, Dan Xu et Roger Moore. J’ai pu repartir comblée au-delà de mes rêves les plus fous.


Anne Stillwell est une artiste multidisciplinaire établie à Keswick Ridge, au Nouveau-Brunswick, se spécialisant dans l’impression de blocs de linoléum. Ses influences sont profondément ancrées dans son lien avec sa ville natale et l’environnement naturel du Nouveau-Brunswick. Son travail attire l’attention sur la simplicité, mais aussi sur la beauté et la forme complexe de la nature. Anne n’est pas confinée à un seul médium; elle fusionne plutôt ses connaissances à travers de nombreuses formes. Son travail se présente sous forme de gravures, bijoux, céramiques et peintures à l’huile, pour n’en citer que quelques-unes.

Elle est diplômée du programme de Fondation en arts visuels du NBCCD en 2018, bien qu’elle soit largement autodidacte dans ses disciplines. Anne est récipiendaire de deux subventions d’artsnb : Infrastructure artistique (2020) et Développement de carrière : Artiste en résidence (2021). Elle exploite actuellement son atelier à domicile, Ridge Works Studio, participe à de nombreuses expositions d’artisans au Nouveau-Brunswick et présente son travail en ligne.

Restez à l’affût de la pratique d’Anne sur les réseaux sociaux et sur son site Web:

Instagram: @ridgeworks.studio 

Facebook: @kimannestillwell 

Site Web:  https://www.ridgeworksstudio.com/

Regardez cette vidéo à propos de la résidence d’Anne à KIRA: https://www.youtube.com/watch?v=JxG6uKEeolM


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