Revisiter ses traditions avec le peuple Kalina

Une entrevue avec Mariah Sockabasin

Série artiste en vedette – Mariah Sockabasin

C’est avec beaucoup de plaisir qu’Audrée, agente des communications d’artsnb, a eu l’occasion de s’asseoir (virtuellement !) avec Mariah Sockabasin par un matin enneigé de février. Rouge à lèvres bleu électrique sur les lèvres, Mariah avait de brillantes nouvelles à partager de son séjour en Guyane française.

Mariah Sockabasin lors de son entrevue virtuelle.

Mariah, ravie de te rencontrer ! Tu es allée en Guyane française pour un échange culturel avec Diasporas Music à l’automne 2021 ; quel était le but de ton voyage ?

Je suis allée en Guyane française avec le musicien Matt Comeau dans le cadre d’une résidence d’artistes grâce à l’aide de Diasporas Music, artsnb, Musique NB et du Conseil des Arts du Canada. Cette résidence d’artistes se voulait un échange culturel entre nos cultures autochtones et la culture du peuple Kalina en Guyane française.

Chaque jour était bien rempli et occupé ; Matt et moi donnions des ateliers à l’école primaire du village presque tous les jours. Nous partagions nos chansons et nos danses avec les élèves, j’avais apporté des peaux, de la fourrure et des panaches d’animaux indigènes que nous avons au Nouveau-Brunswick, et les enfants ont vraiment aimé ça ! On a aussi fait quelques spectacles dans le cadre de notre résidence, l’un pendant la cérémonie du chef et l’autre à la fin de notre séjour pour montrer ce sur quoi on avait travaillé dans le cadre de la résidence.

Matt Comeau (à gauche) et Mariah Sockabasin (à droite) à l’école du village. Crédit photo : gracieuseté de l’artiste.

Peux-tu m’en dire davantage sur ta pratique artistique ?

J’ai obtenu un diplôme en design de mode au Collège des métiers d’art du Nouveau-Brunswick (New Brunswick College of Craft and Design) en 2015. Je suis allée à l’école parce que je voulais apprendre à faire mes propres vêtements et à partir de là, ma pratique s’est vraiment développée. Après le collège, j’ai travaillé un peu chez artsnb et là, j’ai découvert toutes sortes de disciplines artistiques différentes et ça m’a vraiment inspiré.

J’ai commencé à explorer la sérigraphie et la teinture et cela a élargi mes horizons. Depuis, j’ai même travaillé sur des installations et des sculptures ; j’ai exposé mon travail à Nocturne Halifax, où j’avais une oeuvre qui comportait aussi un effet sonore. Pour cette pièce, j’ai travaillé avec un ami qui m’a aidé à créer une composante cardiaque pour le vêtement que j’ai créé. Je suppose que mon travail prend toutes sortes de directions maintenant…

Photo: L’oeuvre de Mariah à Nocturne Halifax 2018. Crédit photo : gracieuseté de l’artiste.

La collaboration est importante dans ma pratique. Je m’intéresse aux gens, je me nourris de leur énergie et j’apprends d’eux. La collaboration élargit mon travail artistique et mes connaissances. Je ne sais jamais dans quelle direction une collaboration va m’amener et ce que je vais finir par créer à partir de celle-ci.

Dans le cadre de cette résidence en Guyane française, j’ai eu l’occasion de collaborer avec Matt Comeau. J’ai pu participer à quelques uns de ses enregistrements. En fait, nous collaborons actuellement sur un projet, et nous espérons le présenter au Festival Flourish cet été !

Matt Comeau et des musiciens Kalina en performance. Crédit photo: gracieuseté de l’artiste.

Quel a été, selon toi, le plus grand défi à relever lors de la résidence ?

La COVID a été le plus grand défi. Au départ, nous devions être une cohorte beaucoup plus importante d’artistes autochtones participant à cette opportunité, mais beaucoup d’entre eux étaient préoccupés par le risque associé au fait de ramener la COVID dans leurs communautés respectives. Comme nous n’avions pas de danseur ou de chanteur, j’ai fini par devoir me lancer, danser et chanter ! Je suppose donc que je suis aussi une danseuse et une chanteuse maintenant ! (rires)

Lors de la cérémonie du chef, j’ai partagé la danse du papillon. Traditionnellement, le papillon représente l’expression de soi et de sa liberté. Je n’avais pas dansé depuis l’âge de 8 ans… La veille de la danse, je suis allée en ville et j’ai trouvé du tissu en coton; je l’ai teint, je l’ai cousu ensemble et j’ai cousu des rubans dessus pour en faire un châle afin de pouvoir l’utiliser pour danser. Danser avec le châle était la seule danse que je savais du temps où j’étais enfant.

Penses-tu que la danse et le chant feront maintenant partie de ta pratique artistique ?

J’aimerais me sentir assez courageuse pour danser lors de pow-wow à l’avenir. En Guyane française, je n’avais pas peur parce que personne ne savait ce que je faisais. Personne ne savait si je le faisais bien ou mal, personne ne pouvait me juger. J’aimerais même incorporer la danse dans ma vie personnelle, et faire plus de chant le moment venu… Parce que mon esprit en a besoin. C’était tellement naturel. J’étais dans une situation où il était nécessaire que quelqu’un le fasse, nous avons dû improviser. Cette expérience m’a vraiment poussé hors de ma zone de confort si je puis dire, mais dans le bon sens.

Quel a été le moment le plus marquant de ton séjour ?

Un jour, j’ai eu le privilège de m’asseoir avec une femme et elle m’a montré comment elles confectionnent leurs tenues traditionnelles. Nous avons travaillé ensemble sur une jupe. Puis, pour notre échange d’énergie, nous avons échangé des cadeaux. Elle m’a donné une jupe traditionnelle et je lui ai donné un sac à main que j’ai fabriqué avec du cuir que j’ai teint pendant mon séjour là-bas.

J’ai été vraiment inspirée par cette expérience. Basé sur cette opportunité d’enseignement, j’ai commencé un nouveau corpus de travail qui reflétera le temps que j’ai passé là-bas. Je veux utiliser mes connaissances traditionnelles et les leurs pour créer quelque chose de nouveau, imprégné de ma propre créativité.

Mariah Sockabasin en confection d’une tenue traditionelle du peuple Kalina. Crédit photo: gracieuseté de l’artiste.

Mariah Sockabasin est une artiste de mode Wabanaki de Neqotkuk, Nouveau-Brunswick. En 2015 Mariah a reçu un diplôme en création de mode du New Brunswick College of Craft & Design. Elle crée de l’art qui se porte et qui incarnent la fierté et la force, ancré dans ses enseignements culturels. A travers divers comités, conseils d’administrations et d’ateliers, Mariah s’efforce de créer des occasions pour les artistes autochtones et les jeunes. Elle est une mère de deux garçons et adore passer du temps à l’extérieur avec eux dans son temps libre.

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