Le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick est un organisme de financement des arts indépendant dont le mandat est prévu par la loi pour faciliter et promouvoir la création d’œuvres d’art et l’administration de programmes de financement pour les artistes professionnel.les de la province.
Comment la collaboration approfondit le questionnement pour libérer la vérité.
Écrit par Marcia Dysart
C’est un déroulement mystérieux qui fait apparaître les fondements d’une pièce. Une question initiale ou une curiosité peut s’orienter dans de nombreuses directions. Être ouvert à d’autres questions est le début de la découverte de la vérité de l’œuvre. La collaboration peut approfondir le questionnement et révéler comme par hasard, un aperçu de ce qui va devenir. Pour cette raison, créer avec un collaborateur peut être cathartique. Quand je crée une chorégraphie, j’attends une connexion personnelle pour me métamorphoser à partir du sujet. Cela peut être un sentiment très libérateur; me permettant de m’identifier d’une certaine manière au sujet de mon travail. Seule, cela peut être difficile à trouver. Pour établir des liens, nous avons besoin que quelqu’un d’autre pose les questions que nous ne nous posons pas. Dans une structure d’apprentissage, il y a un professeur et un élève. Quand deux de ces structures se joignent, il y a des idées partagées qui donnent de nouvelles impulsions.
Créer Who is Jane? avec Nienke Izurieta a été un processus où l’ouverture et la confiance ont été essentielles à sa création. Who is Jane? est basé sur The Yellow Wallpaper de Charlotte Perkins Gilman. Publié en 1892, il s’agit d’une oeuvre féministe controversée sur le mauvais diagnostic de la dépression post-partum et la « cure de repos » prescrite pour ce que les gens considéraient comme des tendances hystériques. Le sujet de l’œuvre est sombre, et pour en révéler les contours, nous avons dû poser des questions difficiles. Nous voulions comprendre la narratrice et donner au public quelque chose qu’il puisse ressentir.
Le livre examine la nature oppressive des rôles de genre imposés aux femmes. Ce thème conduit à la descente vers la folie de la narratrice lorsqu’elle est isolée et qu’on lui interdit la liberté d’affirmer son identité. Nienke et moi avons passé nos premiers jours à discuter du livre, de son ton et de ses images. Nous voulions raconter une histoire de déchéance de l’identité et nous voulions utiliser l’expérience de la narratrice pour le faire. Le principal défi consistait à abstraire des idées littérales pour raconter une histoire tout en conservant l’authenticité de la narratrice. Être authentique signifiait comprendre le personnage à un certain niveau.
(PC Lorne Power)
L’histoire est centrée sur une pièce dans un manoir isolé. Le petit studio de Nienke m’a permis de limiter mon envie de danser en grand. L’incongruité du grand mouvement vers l’extérieur se tournait vers l’intérieur; c’est ainsi que nous avons commencé à comprendre le sentiment d’isolement. Cette méthode nous a permis d’atteindre à la morosité et l’horreur de l’expérience du narrateur, tout en délimitant les nuances physiques et psychologiques de l’histoire. La musique de Nienke a également permis de suivre la trajectoire de nos impulsions initiales qui ont préparé l’histoire. La composition de Nienke est magnifiquement envoutante et a créé une atmosphère combustible avec laquelle créer du mouvement. Le mouvement n’était pas toujours synchronisé à la musique (un choix que nous avons fait pour créer un effet de tension). L’expérience directe de la narratrice n’est pas quelque chose que je peux comprendre, mais les émotions que j’ai ressenties au cours de ce processus initial se sont incarnées et sont devenues personnelles, libérant davantage de questions sur ce qu’elle a enduré et les effets de l’isolement.
L’une de ces expériences est son obsession pour le papier peint de la pièce. Elle est convaincue qu’elle voit un sous-motif d’une femme qui essaie de sortir. Cette image est symbolique de l’état mental de la narratrice et du thème général de l’oppression. Nienke et moi voulions utiliser le papier peint et sa sous-couche pour montrer la complexité de la disparité entre la narratrice qui se perd et la façon dont elle se retrouve. Il était important d’éclairer la façon dont la pièce se transforme à travers de sa perspective. Nous avons découvert que son obsession du papier peint et de sa sous-couche pouvait être créée en utilisant un jeu d’ombre. Une fois que nous avons commencé à explorer, nous avons immédiatement ressenti un changement dans la clarté de l’œuvre. La vérité que nous recherchions avait fait surface. Le fait que Nienke créait une ombre derrière un écran permettait à tout mouvement improvisé d’être impulsif et réactionnaire. L’ombre d’une feuille de papier déchirée mettait en évidence un élément insaisissable qui permettait de s’interroger davantage sur l’identité de Jane et sur ce qui était au cœur de son déclin. À ce stade, nous savions que la vérité ne consistait pas à trouver des réponses; il s’agissait d’exposer la cruauté de la maladie mentale.
Les thèmes associés à l’isolement sont fortuits dans notre situation actuelle. Au moment de sa création, nous n’avions aucune idée de ce qui se préparait. Cette pièce a été présentée comme travail en cours en novembre 2019. Aujourd’hui, les sentiments d’isolement semblent bien trop réels pour beaucoup et je me demande comment la conscience de l’émotion et la raison interagissent, compte tenu de ces nouvelles circonstances. J’avance dans cette histoire, avec de nouveaux collaborateurs, à la recherche de plus de vérité pour en découvrir plus sur moi-même et sur mon sujet.
Crédit photo: : Ashley Schoburg
Marcia est une danseuse, chorégraphe, collaboratrice et enseignante basée à Saint John. Elle partage sa passion pour la création en collaborant avec des musiciens, des artistes visuels, des cinéastes et des danseurs. Le travail de Marcia a été reconnu par le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick et le programme de financement des arts de la communauté de Saint John. Intéressée par les histoires de femmes fortes, le processus de Marcia consiste à abstraire les idées littérales tout en conservant l’authenticité du personnage. Alimentée par la collaboration pour obtenir plus d’une interprétation, Marcia est attirée par la compréhension des expériences et l’incarnation des idées pour exposer toute connexion personnelle qui se métamorphose.
