Le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick est un organisme de financement des arts indépendant dont le mandat est prévu par la loi pour faciliter et promouvoir la création d’œuvres d’art et l’administration de programmes de financement pour les artistes professionnel.les de la province.
Alors que j’étais enfant, dans les années 80 et 90, j’ai toujours été attirée par le travail manuel. Qu’il s’agisse de tapis hookés, de bracelets d’amitié, de tissage, de points de croix ou de peinture de figurines en céramique, j’explorais avec enthousiasme toutes les activités artisanales que je pouvais trouver lors de mes visites régulières à Lewiscraft, le magasin d’artisanat le plus populaire au Canada avant l’arrivée de Walmart ou de Michaels. Cette passion pour la création m’a accompagnée jusqu’à l’âge adulte, alors même que je poursuivais un doctorat en biologie moléculaire environnementale.
À l’âge de 6 ans en 1987 avec ma maison en carton. Le mérite en revient à ma mère qui, je suppose, a joué un rôle important dans la fabrication de cette maison.Photo : gracieuseté de l’artiste.
Bien que mon travail scientifique ait été intellectuellement stimulant, je m’inquiétais de plus en plus, sans pouvoir en déterminer la raison. Dans mon temps libre, j’ai commencé à récupérer des meubles mis au rebut dans les rues, bien avant que la récupération de meubles ne devienne à la mode. Bien que n’ayant aucune expérience en menuiserie, j’ai relevé le défi d’apprendre par moi-même, en transformant des meubles usagés en œuvres d’art grâce à la peinture, à la couleur et à la composition. Finalement, j’ai pris la décision audacieuse d’abandonner la recherche scientifique et d’ouvrir mon propre atelier de peinture sur meubles.
Peinture d’une chaise personnalisée pour l’événement Chairs for Charity d’Habitat pour l’Humanité. Photo : gracieuseté de l’artiste.
En me plongeant dans la créativité, j’ai été frappé par les parallèles surprenants entre la science et l’art. Le processus scientifique—poser des questions, faire des recherches, émettre des hypothèses et expérimenter — s’applique parfaitement à la résolution de défis visuels. Après sept ans de travail sur meuble, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin, d’exprimer mes idées à une échelle plus grande, plus significative d’un point de vue social et environnemental. Cette ambition grandissante a suscité une soif de connaissances et un besoin en mentorat, me poussant à chercher de nouvelles façons d’élever ma pratique.
En 2021, grâce à une bourse de développement professionnel d’artsnb, je me suis inscrite au programme en ligne Foundation Visual Arts du New Brunswick College of Craft and Design (NBCCD). J’y ai trouvé des mentores incroyables, toutes des femmes, ayant leur propre pratique créative, qui m’ont guidée tout au long du processus de création (je m’adresse à vous Jennifer Lee Wiebe, Christina Thompson, Christiana Myers et Janice Wright Cheney). Cette expérience, combinée peu après à la participation au programme CATAPULT d’ArtsLink NB, un accélérateur d’affaires intensif de huit semaines pour les artistes, a solidifié mes aspirations artistiques et m’a donné la structure dont j’avais besoin pour donner vie à mes idées.
À gauche : Broderie I Should Have a Choice sur toile de Jouy, 2023. Photo : gracieuseté de l’artiste.
À droite : Berceuse post-partum, œuvre textile mixte sur toile de jute recyclée, 2024 Photo : gracieuseté de l’artiste.
Le changement ne s’est pas fait sans heurts. Certaines de mes premières demandes de subvention ont été rejetées, mais ces revers sont devenus des occasions d’apprentissage inestimables. J’ai demandé conseil aux agent.es de programme d’artsnb, j’ai participé à de nombreuses Rencontres-éclair et j’ai demandé l’avis de pairs en qui j’avais confiance. Ces efforts ont porté fruit en mai 2024 lorsque, grâce à une bourse d’Artiste en résidence d’artsnb, j’ai entrepris ma première résidence d’artiste, un séjour de trois mois au Centre des arts et de la culture de Dieppe.
Cette résidence a marqué le lancement officiel de mon projet The Water We Wear [L’eau que nous portons], qui explore l’empreinte cachée sur l’eau de l’industrie de la mode et du textile grâce à des compositions textiles mixtes. La résidence m’a non seulement donné le temps et l’espace nécessaires pour développer mon travail, mais elle m’a également permis d’impliquer le public. J’ai invité les participant.es à contribuer à la création de deux tapis hookés de 2,5 mètres de haut, en utilisant leurs propres vêtements usagés. En passant des heures à hooker ensemble, nous avons réfléchi au rythme de la création et à la façon dont les vêtements sont devenus des produits jetables. Cet acte de fabrication lente et partagée contraste avec l’industrie de la mode rapide et constitue un élément clé de l’objectif de mon projet, qui est d’encourager la communauté et la responsabilité environnementale par le biais de l’art.
À gauche : Début de ma résidence de 3 mois au Centre des arts et de la culture Dieppe, 2024. Photo : gracieuseté de l’artiste.
Au centre : Participant.es crochetant leurs vêtements lors d’une de mes sessions collaboratives de tapis hookés.. Photo : gracieuseté de l’artiste.
À droite : Mon fils de 6 ans participe en hookant une de ses vieilles chemises.Photo : gracieuseté de l’artiste.
Alors que j’étais encore en résidence, j’ai appris avec enthousiasme que The Water We Wear bénéficierait également d’une bourse de Création d’artsnb, ce qui me permettra de développer davantage le projet. Cet automne et cet hiver, je continuerai à collaborer avec le public pour achever les tapis hookés et créer trois compositions textiles mixtes à grande échelle. Ces œuvres exploreront l’utilisation de l’eau dans l’industrie de la confection de vêtements, en se concentrant sur la production d’un seul t-shirt et d’une seule paire de jeans, tout en abordant l’utilisation généralisée des fibres synthétiques dans l’industrie de la mode. En déconstruisant et en reconstruisant des textiles mis au rebut, je souhaite ralentir le cycle de la mode rapide et recontextualiser ces matériaux à travers le temps et le travail. Les méthodes lentes et artisanales telles que le tapis hooké, le tissage et la broderie m’aident à susciter une conversation sur la surconsommation et la valeur des matériaux. Grâce à ce projet, je souhaite créer une représentation visuelle durable de l’empreinte colossale de l’eau dans les vêtements que nous portons.
Travail en cours pour The Water We Wear, Photo : Gracieuseté de l’artiste.
Mélanie Paulin (elle) est une artiste contemporaine émergente qui travaille dans les domaines du textile et de la gravure. Sa pratique est axée sur le bien-être personnel, la protection de l’environnement et la maternité, en revisitant et en réinterprétant ses expériences de vie personnelles. Elle embrasse la nature artisanale et les imperfections de son travail et porte un intérêt particulier à la reconnaissance des nombreuses façons dont les femmes font de l’art.
Paulin a reçu des subventions du Conseil des arts du Nouveau-Brunswick et du Conseil des arts du Canada. Ses œuvres ont été exposées à la Galerie Sans Nom, à l’Atelier Imago, à la George Fry Gallery et au Festival international du cinéma francophone en Acadie. Elle vit à Moncton, au Nouveau-Brunswick, où elle est mère, vit et travaille.
En tant qu’entité provinciale, le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick reconnaît qu’il effectue son travail sur le territoire traditionnel non cédé des peuples Wolastoqiyik, Mi’kmaq et Peskotomuhkati. Lisez la déclaration en entier ici.